Le palais des Rois de Majorque
XIIIe-XVIe siècles
Situé sur la coline du Puig del Rei, le château royal de Perpignan (il ne fut connu que beaucoup plus tard sous le nom de palais des Rois de Majorque) fut construit entre 1274 et 1309 à l'initiative du futur roi de Majorque, Jacques II. Son père, Jacques Ier d'Aragon, avait en effet prévu de séparer à son décès du royaume d'Aragon les îles Baléares, le Roussillon, la Cerdagne, la seigneurie de Montpellier et la vicomté de Carlat, dans l'actuel Cantal, pour former le royaume de Majorque. Cette division devint effective en 1276, faisant accéder Perpignan au titre de capitale du nouveau royaume.
De style gothique, le palais-forteresse, dont le premier maître d'œuvre fut Ramon Pau, est majoritairement construit en brique et en galets. Entouré de fossés et de jardins, il est de plan carré et s'organise autour d'une grande cour centrale. L'accès à l'édifice se fait par l'aile ouest, qui accueillait probablement la salle du trône ; il est protégé par une barbacane ainsi que par la tour de l'Hommage la surplombant, auxquelles s'ajoutait probablement un pont-levis.
Les appartements du roi et de la reine sont situés à l'opposé, dans la partie est du monument, et séparés par deux chapelles superposées. Ils possèdent chacun une cour ; la loggia surmontant celle de la reine conserve un plafond peint décoré de motifs géométriques mais aussi, au niveau des corbeaux, de personnages et d'animaux fantastiques. Les chapelles conservent des vestiges de décors peints d'inspiration musulmane ainsi que, pour la supérieure, un portail en marbre rose de style roman tardif.
Après l'annexion par la France en 1463, la construction d'une citadelle fut entreprise autour du palais. Les travaux se poursuivirent après la prise de la ville par les rois d'Espagne en 1493 ; une nouvelle enceinte comprenant six bastions fut ainsi ajoutée sous le règne de Philippe II entre 1550 et 1577. Cette citadelle, très légèrement complétée par Vauban durant la seconde moitié du XVIIe siècle, est aujourd'hui bien conservée mais malheureusement en très grande partie inaccessible de par son occupation par l'armée. La porte et la rampe permettant actuellement l'accès aux jardins ne furent entreprises qu'en 1956.