Le canal de Perpignan

Le premier ancêtre connu du canal de Perpignan est le canal royal de Thuir (sequia real de Thoyr), qui aurait été construit au tout début du XIVe siècle. Alimenté par les eaux de la Têt puisées entre Vinça et Rodès, il était initialement destiné à l'irrigation des cultures. Après sa prolongation jusqu'à Perpignan, il y permit le fonctionnement de moulins et l'irrigation des jardins du palais des Rois de Majorque, qu'il atteignait jusqu'au XVe siècle grâce à une noria. Le roi autorisa également l'alimentation en eau d'une partie de la ville à partir de 1341.

Au cours de sa traversée des gorges de la Guillera, en aval de Rodès, le canal franchissait plusieurs ouvrages d'art dont subsistent aujourd'hui quelques vestiges. Il empruntait ainsi l'aqueduc de Roqua Colomera pour contourner une falaise puis le pont-aqueduc d'en Labau (ou pont des sarrasins), récemment classé monument historique, pour franchir la Têt. Ces différents ouvrages furent détruits par une crue en 1421 et remplacés par de nouveaux canaux.

Les gorges de la Guillera sont toujours parcourues par un canal aujourd'hui, celui de Corbère, qui reste cependant tout du long en rive droite, contrairement à son prédécesseur. Un peu plus en aval, deux prises d'eau sur la Têt donnent naissance aux canaux de Thuir et d'Ille. C'est à proximité de cette dernière localité que se forme, de nouveau à partir de la Têt, l'actuel canal de Perpignan, parfois connu sous le nom de Las Canals, qui fut probablement semble-t-il construit entre 1423 et 1425.

Au sud de Perpignan, ce canal franchit parallèlement à la route d'Espagne un pont-aqueduc dʼenviron 300 mètres de long constitué de vingt-et-une arches de brique connu sous le nom d'aqueduc des Arcades. Classé monument historique, il fut vraisemblablement construit entre 1368 et 1378 pour remplacer un édifice de bois mentionné en 1338. L'édifice est aujourd'hui en mauvais état, endommagé par le passage de la voie ferrée et en grande partie recouvert de béton et graffitis divers.

Une partie de l'eau du canal est détournée pour alimenter la retenue de Villeneuve-de-la-Raho.