Début mai, la neige est partie ou presque. Sur le plateau, les jonquilles règnent encore pour peu de temps. Plus haut le Mailhebiau est encore vide : les vaches seront là dans 3 semaines mais aujourd'hui, c'est le vide qui emplit l'espace, l'esprit de l'Aubrac.
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Mars, la neige hésite entre partir et rester. Un petit tour du côté de Rieutort-Bouquincan, puis du pied du Puy de Gudette, la lumière penche sous les Truques d'Aubrac. Reste à flotter du côté du lac de Saint-Andéol, à glisser jusqu'au lac de Bord.
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À l'est du Méjean, c'est un autre monde qui s'ouvre si on prend la peine d'en ouvrir les portes. Passées les premières landes sèches, une allée royale s'ouvre dans la barrière des pins vers le Gargo et cette Mongolie miniature sur laquelle il veille. On suit le chemin et puis le chemin n'est plus nécessaire. D'amer en amer, on navigue sur la houle du Causse.
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Nous monterons plus haut. Là où plus haut que tous les arbres, la terrre nappée de basalte hausse et deplisse dans l'air bleu une paume immensément vide
Julien Gracq - Aubrac - in Liberté Grande
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La longue échine de granit aligne du nord au sud ses forêts, sa bruyère et ses rocs. Sur les pentes, la mosaïque ridée des pâturages, des genêts, des prairies. Chaque ondulation est un pays.
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Ne voir la Lozère qu'en été, c'est laisser beaucoup de côté ; c'est s'arrêter à la couleur et oublier le noir et blanc.
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Il y a déjà des photos de l'Aubrac en hiver sur les galeries Aubrac ou Hiver en Lozère. Ici, c'est juste un aperçu de deux après-midi sur l'Aubrac autour de Noël 2007, parce qu'il faisait beau, qu'il y avait juste assez de neige pour donner du relief au paysage, pas assez pour le noyer.
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La Margeride, c'est autre chose. On n'y trouve (presque) plus les steppes de l'Aubrac ou des Causses (la mer de bruyère à l'automne sur le plateau du Palais du Roi dans les années 60, c'était…) et leurs aplats blancs mais d'une bosse à l'autre, neige, ruisseaux, clôtures et arbres jouent.
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Tous parents, tous différents, ils éparpillent leurs courbes erratiques, peu familiers des lignes droites des Causses à l'Aubrac, de la Margeride aux Cévennes.
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Une attraction sans violence, mais difficilement résistible, me ramène d'année en année, encore et encore, vers les hautes surfaces nues - basaltes ou calcaires - du centre et du sud du Massif : l'Aubrac, le Cézallier, les planèzes, les Causses. Tout ce qui subsiste d'intégralement exotique dans le paysage français me semble toujours cantonner là : c'est comme un morceau de continent chauve et brusquement exondé qui ferait surface au-dessus des sempiternelles campagnes bocagères qui sont la banalité de notre terroir.
Julien Gracq - Carnets du grand chemin
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Un de ces endroits où l'on respire un peu plus, un peu mieux. Les menhirs, les puechs et l'échine d'ase posés, plantés, avec le temps qui passe autour.
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L'herbe soudain manque. L'horizontale se fissure. L'eau et le roc jouent à se faire peur. Puis la glace et la neige assourdissent le tout.
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De l'Aubrac aux Causses, de la Margeride aux Cévennes, un petit monde à parcourir plutôt qu'à traverser.
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Le ruisseau du col des Trois Soeurs étale ses méandres sur l'épaule de la Margeride avant de s'enfoncer dans le roc, de barrage en barrage jusqu'au Lot.
(Elle n'est en Lozère qu'à l'amont, dans le Cantal, puis en Aveyron ensuite.)
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