Le Clunisois et le Mâconnais
Au sud de la Bourgogne, il y a le Brionnais à l'ouest, puis un peu plus à l'est ; le Clunisois d'abord puis le Mâconnais qui penche jusqu'à la Saône. Entre les deux, les frontières sont floues et plus qu'arbitraires.

Autour de Cluny, phare du Moyen-âge, les église de campagne parsèment le Clunisois, plus rustiques souvent que celles du Brionnais dans un paysage juste vallonné. Celle de Mazille est emblématique du sud-Clunisois avec son clocher haut et ses arcatures lombardes tandis qu'au nord lui répond le haut clocher de Chapaize. Et à Cluny, le vide de ce qui manque s'adosse au plein pour laisser rêver ce que pouvait être au XIIe ce centre du monde chrétien. Et il y en a bien d'autres dans ces villages où les lavoirs sont souvent de petits chefs-d'oeuvre, pendant prosaïque des églises (Blanot, Donzy-le-Pertuis, Lys, etc.)

Côté Mâconnais, le relief plus heurté (Solutré, côtes de la Saône) accueille châteaux (Pierreclos, Berzé-le-Châtel au sud, Brancion au nord et bien d'autres) et vignobles. Là-aussi, des villages minuscules accueillent de petits trésors (Ozenay, son château et son église)

Le pendant à l'abbaye de Cluny, de ce côté, c'est l'abbaye Saint-Philibert de Tournus. Pas de gigantisme ici mais un précieux conservatoire du premier art roman accumulant les éléments remarquables (façade à arcatures lombardes, clocher et tour, crypte à déambulatoire, narthex, chapelle haute) et des originalités uniques (les berceaux transversaux de la nef). Et les parties un peu plus récentes n'ont rien gâché.

À peine un peu plus urbanisé vers Tournus et la Saône, c'est encore la campagne profonde. Et parfois, comme à l'arboretum de Pézanin, on oublie les pierres bâties pour se laisser embarquer par l'eau et les arbres dans une nature prégnante, toute artificielle qu'elle soit : le temps long des forestiers vient servir d'écho au temps longs des bâtisseurs d'églises, des bâtisseurs de lavoirs et des bâtisseurs de paysages qu'ont été depuis si longtemps les paysans d'ici.

Carte du Brionnais

Chapaize
Le clocher m'a toujours paru inoubliable, une fois qu'on l'a vu, une évidence.

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Chapaize
Blanot
Il y eut là du temps des mérovingiens, beaucoup de monde sans doute puisque sous le village affleurent les tombes. Il y eut ensuite l'église, rustique toujours, et le prieuré pas si rustique (mais qui a sans doute bien changé) et ces maisons bourgeoises. Et il y a le lavoir de tous les jours, la vie tout simplement. 

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Blanot
Lancharre
Le clocher de Chapaize serait presque visible. À Lancharre, pas de bus de touristes. De l'église il ne reste qu'une travée sous le clocher. Du prieuré des Dames de Lancharre, une porte ou guère plus. Les vaches vous regardent passer. Le lavoir vous accueille pour le pique-nique. La France profonde.

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Lancharre
Donzy-le-Pertuis
À quelques encâblures de Blanot, Donzy sent la campagne. Avec un peu de chance, la lumière dans le lavoir aura la même épaisseur que dans un tableau de Vermeer. Pas assez doué pour rendre ça en photo mais un bien beau souvenir..

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Donzy-le-Pertuis, lavoir
Chissey-lès-Mâcon et Lys
Une église à l'envers d'un côté, des presque graffitis et un lavoir aussi lumineux que celui de Donzy de l'autre. À deux pas de Chapaize, de Cormatin, la Bourgogne loin des vignes.

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Lys, lavoir

Brancion
Un belvédère comme un enfant en dessinerait, l'église d'un côté, le château de l'autre, le village au milieu autour de sa halle tracée de quelques traits. On penserait citadelle mais le village respire la paix. L'église est massive comme un mastaba mais dedans les fesques respirent la couleur..

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Brancion

L'ouest du Clunisois, Mazille

Tout proche du Brionnais, entre Charolles et Cluny, d'humbles églises romanes, moins riche souvent que celle du Brionnais. Mais elles méritent quand même le voyage pour leur architecture si simple. Et puis il y a Mazille, si bien plantée sur le vert comme à chaque fois.

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Mazille
Ozenay et la Chapelle-sous-Brancion
Contrepoints aux grands monuments de Tournus et de Brancion, si proches, les deux villages d'Ozenay et de la Chapelle-sous-Brancion ne cultivent pas les étoiles dans les guides mais font penser qu'on manquera toujours quelque chose si on ne traîne pas un peu partout.

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Ozenay
Cluny
Impossible de ne pas essayer d'imaginer ce qu'était la Major Ecclesia. Souvent les ruines existent en tant que ruine. À Cluny, on ne voit pas de ruines, on voit des traces, grandioses et les traces parlent de plus grand qu'elles. On lève le nez vers le clocher de l'Eau-Bénite et on les rebaisse pour rêver les longues nefs. Et la nuit, dans les rues tranquilles, on rêve encore.

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Cluny
Tournus
La façade droite lève comme une idée du passage de l'an mille. La lumière joue sur les arcatures lombardes, sur les pierres roses et blanches. On monte à la chapelle Saint-Michel, l'église suspendue d'où on voit la forêt de piliers de la grande église. On descend à l'église souterraine et on y retrouve l'image du choeur de la grande église. On s'habitue à la façade, à Saint-Michel et le chevet vient remettre l'étrange.

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Saint-Philibert de Tournus
Pierreclos & Berzé-le-Châtel
La vigne, par ici, l'emporte sur les prés, au moins par places. Les collines s'aiguisent. Les hommes y ont mis leurs châteaux, guerriers d'abord comme à Berzé-le-Châtel, mais du logis guerrier on glisse au logis tout court. Avec le temps, on s'adoucit, c'est tout. Lamartine a traîné par là plus souvent qu'à son tour. On comprend mieux.

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Pierreclos
Solutré
Ici aussi, il faut savoir rêver : on ne trouvera pas par hasard un cheval abattu. C'était il y a bien longtemps. Mais la roche est restée marquant le passage des troupeaux. Dans le musée, l'exposition des crânes de nos cousins épars tisse les liens et on se dit que la vigne qui baigne le pied de la roche est le plus clair signe de parenté avec ces cousins : pour les uns comme pour les autres, il s'agissait de trouver la bonne placeois-Sainte-Marie, ancienne "ville" fermée, est sans doute tombée en décadence depuis la brillante époque où elle avait un hôtel des monnaies, mais on peut encore parcourir son déambulatoire, en silence, de peur de se voir arracher la langue par les démons du chapiteau tout près.

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Roche de Solutré
Arboretum de Pézanin
À trop jouer au touriste culturel, on finirait par ne plus penser qu'église, château, village. Une matinée mal ressuyée des pluies de la nuit dans l'arboretum de Pézanin fait remonter à la surface une nature plus nature : l'eau et les arbres, le héron en attente. Que l'arboretum soit pur artifice et non forêt naturelle n'est qu'en apparence un paradoxe : c'est l'idée pure qui en sort.

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Arboretum de Pezanin
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